Rien que sur le 2e trimestre 2020, on estime que la dette mondiale a augmenté de 12 000 milliards $. Aujourd’hui, il est admis que la perte de PIB global ne sera que de 3710 milliards $ cette année. Un climat de confusion qui semble profiter aux grandes banques d’investissement.
A la fin du mois de juillet 2020, l’Institute of International Finance (IIF) estimait que le volume total de la dette des entreprises et des gouvernements du monde a atteint 258 000 milliards $.
L’organisation basée à Washington et qui regroupe les banques centrales et institutions financières du monde estimait que cela représentait une hausse de 10%. Dans le même rapport, IIF a fait savoir que rien que sur le deuxième trimestre 2020,12 000 milliards $ de nouvelles dettes ont été émises dans le monde, dont 60% par les Etats.
A l’occasion des rencontres annuelles de ce mois d’octobre, des experts du Fonds monétaire international (FMI) ont confirmé ces tendances en indiquant que pour les banques centrales des 10 pays les plus riches du monde, les nouvelles injections de liquidité ont atteint 7500 milliards $.
Aussi, selon la plateforme Dealogic qui compile les activités sur les marchés des capitaux, les nouvelles émissions de titres de dette (publiques et privées) en 2020 ont déjà atteint 7438 milliards $ cette année, et elles sont en hausse de 23%.
Cette accélération de la dette mondiale a de quoi surprendre. Même dans les scénarios les plus catastrophiques, les perspectives de baisse de croissance mondiale cette année ne dépassaient pas les 6%. Le fait qu’elles aient été ramenées à 4,4% au début de ce mois d’octobre prouve qu’elles étaient exagérées.
Par ailleurs, au regard du comportement des investisseurs sur les bourses mondiales notamment américaines, on voit bien que l’économie du monde n’avait peut-être pas besoin d’autant d’argent supplémentaire, mais d’une meilleure allocation du capital existant.
La question a été l’objet de discussion lors des rencontres annuelles de l’IIF. Concernant le besoin d’injecter autant de ressources monétaires au sein des économies, les avis sont légèrement variés. Peter Praet, un ancien économiste en chef de la Banque centrale européenne a fait remarquer que l’adoption par toutes les banques centrales des mesures en vue de stabiliser rapidement les marchés peut expliquer l’ampleur de ces injections massives de liquidité.
En effet, plusieurs observateurs avertis estiment que compte tenu de la soudaineté du choc provoqué par le coronavirus surtout sur les marchés européens, ne rien faire aurait provoqué une forte instabilité sur les marchés. Une telle situation aurait compliqué les mesures prises par les Etats pour apporter les premières réponses à leurs populations.
Le gouvernement américain a par exemple pu emprunter rapidement de l’argent à distribuer aux ménages. Peter Praet pense donc de ce point de vue que c’est en évaluant à plus long terme qu’on cernera mieux la pertinence dans l’intervention des banques centrales.
Pour Paul Tucker, un ancien haut cadre de banque centrale et économiste britannique, si on doit saluer la rapidité d’intervention des banques centrales du monde face à une situation inattendue, il est en revanche difficile de comprendre que les injections de liquidité aient pu atteindre un niveau aussi élevé. « Que ce soit pour stabiliser les marchés ou encore pour soutenir la demande globale, on devrait pouvoir s’interroger sur l’efficience des mesures que nous prenons », a-t-il fait remarquer.
Les experts du FMI ont aussi reconnu que la disparité entre une économie qu’on présentait comme étant en berne, et des valeurs boursières qui ont grimpé atteignant des niveaux historiques est assez surprenante. La hausse plus importante de la dette mondiale que la perte envisagée de valeur ajoutée globale pose ainsi la question de savoir à qui a profité la situation. Dans tous les cas, les grandes banques d’investissement n’ont pas eu à se plaindre.
Avec un trop-plein de monnaie sur les marchés et la peur de l’inconnu quant au futur d’un monde avec le coronavirus, la demande des produits financiers a explosé. Le marché de la dette syndiquée et publique a ainsi généré 49 milliards $ de commissions sur les 9 premiers mois de l’année.
Les transactions sur les marchés des actions ont quant eux généré 22,34 milliards $ de commissions pour les banques d’investissement sur les 9 premiers mois de l’année. Un chiffre en hausse de 70%.
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